Le risque biologique dans les laboratoires d'analyses médicales
Résumé
Les laboratoires d’analyses médicales de ville, qui effectuent les analyses de routine sont particulièrement exposés au risque biologique. Identifier les agents biologiques, leurs voies de pénétration, les dangers liés aux différentes phases de travail ainsi que les mesures de prévention associées permettent de mieux appréhender et maitriser ce risque.
1. Définitions
Le risque biologique est présent lorsque des personnes peuvent être exposées à des agents biologiques, susceptibles de provoquer une infection. Ces agents biologiques sont des micro-organismes (bactérie, virus, champignons agents transmissibles non conventionnels ou parasites) qui ont recours à différentes voies de contaminations (par inhalation, par ingestion, par contact, par projection et inoculation).
2. Enjeux
L’estimation du risque d’infection dans les laboratoires d’analyses médicales est difficile à chiffrer. Les données sont souvent globalisées avec les autres contaminations des professionnels de santé. Elles sont également dépendantes du type de laboratoire et des échantillons qui y sont manipulés.
Outre les accidents du travail, les expositions au risque biologique peuvent donner lieu à des maladies professionnelles. Il existe 7 tableaux de maladies professionnelles concernant les risques biologiques pour les laboratoires d’analyses médicales de ville. Cela met en évidence l’importance de faire une évaluation des risques et de mettre en place des moyens de prévention efficaces
3. Qui est concerné ?
- tout chef d’établissement dans le cadre de l’obligation de résultat en matière de santé et de sécurité au travail ;
- tout salarié ou tout sous-traitant d’entreprise extérieure, et notamment :
- les techniciens de laboratoire et les biologistes : lors de leurs prélèvements et de leurs analyses ;
- les coursiers : lors du transport d’échantillons entre les laboratoires ;
- les secrétaires : lors de la réception des échantillons ;
- les agents d’entretien : lors du nettoyage des palliasses potentiellement souillées.
4. Les Bases réglementaires
Selon le Code du travail, article L.4121-1 et suivants, il y a obligation pour l’employeur de mettre en œuvre les principes généraux de prévention, d’évaluer les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et transcrire le résultat de cette évaluation dans le document unique. L’employeur prend les mesures de prévention visant à supprimer ou à réduire les risques résultant de l’exposition au risque biologique.
Les articles R4421-1 à R4427-5 du Code du travail traitent de la prévention du risque biologique.
Voir Code du travail : Legifrance.
Voir les recommandations de l’ INRS, les normes et circulaires
5. Evaluation du risque:
L’ensemble des salariés doit être associé à l’évaluation des risques. Cette évaluation repose sur des visites terrain, l’observation des salariés concernés et leur travail réel. Les mesures de prévention sont à mettre en œuvre sur tous les postes de travail : de l’accueil des patients en passant par la réception des échantillons jusqu’à l’élimination des déchets.
Pour cela, les activités peuvent être découpées en phase puis en poste de travail :
- phase pré-analytique ;
- phase analytique ;
- phase post analytique.
Nota : Cette liste est à titre d’exemple et n’est pas exhaustive.
6. Rôles des instances représentatives du personnel et des services de santé au travail
Le CHSCT, ou les DP pour les entreprises de moins de 50 salariés, doivent être associés à l’évaluation et la prévention de ce risque. Ils peuvent faire remonter à l’employeur le ressenti des salariés sur des situations de travail inconfortables voire dangereuses. Le médecin du travail, quant à lui, peut aider à déceler les signes précurseurs d’atteintes à la santé liés à ce risque.
Cependant, les recommandations des normes et du code du travail doivent être suivies au mieux, et les services de santé au travail, dans le cadre de leurs équipes pluridisciplinaires, peuvent accompagner en ce sens, ainsi que la CARSAT.
7. Les Mesures de Prévention (Primaire)
Les mesures de prévention primaire doivent être choisies par rapport aux phases de travail (pré-analytique, analytique ou post-analytique). En voici des exemples, et non une liste exhaustive.
Sur le plan organisationnel
- mise en place de procédures adaptées et à jour : organisation du poste de travail, encadrement du transporteur, utilisation des différents appareils, organisation de la maintenance, gestion des déchets,
- respect des bonnes pratiques de laboratoire..
Sur le plan technique
- mise à disposition d’un matériel sécurisé, adapté et dédié,
- nettoyage et désinfection des locaux et mobiliers faciles,
- utilisation de conteneurs spécifiques et adaptés aux déchets.
Sur le plan humain
- certificats requis pour la personne en charge des prélèvements,
- nombre d’employés adaptés à la charge de travail,
- mise en place d’un parrainage lors de l’accueil d’un nouveau salarié,
- formation et sensibilisation du personnel sur les risques biologiques, le matériel utilisé, les déchets et l’hygiène.
8. Les Mesures de Protection (Secondaire)
Les mesures de prévention primaire doivent être choisies par rapport aux phases de travail (pré-analytique, analytique ou post-analytique). En voici des exemples, et non une liste exhaustive.
Protection collective
- utilisation du Triple emballage pour les échantillons,
- système de sécurité intégré sur les différents appareils utilisés (anti projection, fermeture sécurisée…).
Individuelles
- port de gants étanches jetables ou lavables, résistants aux manipulations.
- port d’une tenue de travail propre et adaptée,
- port de chaussures fermées (antidérapante et faciles à nettoyer).
9. Les Mesures de Réparation (Tertiaire)
- présence d’un Sauveteur secouriste au travail (SST) pour intervenir en cas d’incident/accident,
- déclaration des AES et des maladies professionnelles,
- surveillance médicale.
Rappels
- L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent : des actions de prévention, d'information et de formation, ainsi que la mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.
- L'employeur évalue les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et transcrit et met à jour dans un document unique les résultats de cette évaluation.
- Les membres du CHS-CT (ou lorsqu’il n’existe pas les délégués du personnel) doivent :
- être consulté avant toute décision d'aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail ;
- être associés sur les actions de formations à la sécurité ;
- avoir accès au document unique d’évaluation des risques.
NOTA : Cette page a été réalisée par les étudiants du Master PRNT. Malgré l'encadrement de leur travail, des anomalies peuvent subsister. Ils ne sont supposés exacts qu'à leur date de parution et ne tiennent pas compte de l'évolution de la réglementation. N'hésitez pas à nous signaler toute coquille. Avec nos remerciements anticipés.
Date de modification : 10 octobre 2016